Interview « 20 Minutes » – Mika : « Je suis très reconnaissant du privilège de faire ce job »
Le chanteur Mika, qui vient de sortir un album pop tout en français, promet encore de très belles surprises à son public.
Le chanteur britannico-américain, qui sort son sixième disque, «Que ta tête fleurisse toujours», ne s’était jamais autant dévoilé que dans cet album aux sonorités pop, entièrement chanté en français. Bientôt en tournée, Mika se produira le 28 mars 2024 à l’Arena de Genève.
Pourquoi avez-vous eu envie de sortir un album entièrement en français?
Je parle bien le français, mais l’écrire est beaucoup plus difficile. Ça m’a donc forcé à être très précis dans ce que je cherchais à exprimer. Le langage que j’ai utilisé est plus essentiel, avec des thèmes très larges. Ce que je raconte devait être vrai et fort. Chanter en français, c’était aussi comme un refuge qui m’a permis de me confier plus librement.
Quel message voulez-vous faire passer avec son titre «Que ta tête fleurisse toujours»?
Je travaille dans ce métier depuis un moment déjà. L’industrie de la musique pop est très brutale et peut faire des dégâts sur votre esprit et votre manière de voir le monde. Elle peut avoir un impact très négatif avec toute cette pression commerciale. Mais il ne faut pas pour autant être victime de cette gravité. Il faut résister. Et cette douce résistance est seulement possible si l’on a de la créativité, des idées. Il faut oser rester rêveur, même en vieillissant. «Que ta tête fleurisse toujours», c’est aussi ce que m’a soufflé ma mère à l’oreille. C’était son dernier message avant sa mort. C’était une sorte de cadeau d’anniversaire qui m’a beaucoup aidé.
Dans le premier single, «C’est la vie», vous dites que la vieillesse est un naufrage.
Oui. Comment ne pas le penser quand on voit des gens autour de nous en train de vieillir et de disparaître, ou quand on voit notre propre visage en train de changer? Mais pourquoi pas ne pas confronter cette chose? Si le corps va vers la terre, eh ben la tête et le cœur doivent aller vers le ciel. Et ça, c’est le challenge!
Comment gérez-vous le poids des années?
J’ai une routine physique bien précise, voire extrême, car mes concerts sont très physiques. Je fais très attention, car je veux avoir presque une attitude d’athlète pour mes shows, pour ma musique. Je ne veux pas gaspiller mes années. Quand je vois Mick Jagger, avec tout ce qu’il a fait dans sa vie, il vieillit, mais il est complètement en accord avec son corps. Donc c’est comme ça qu’il faut trouver l’équilibre. Tant que je peux tout faire pour être très engagé physiquement et poétiquement, je vais le faire au maximum. Personne ne va m’arrêter, sauf la maladie.
Vous avez 40 ans, quel regard portez-vous sur votre carrière?
Je suis trop dans le moment présent pour prendre du recul. Pour moi, c’est comme une conversation constante. Il y a bien sûr des moments de tension, de joie, de frustration, de tristesse. Mais je n’aurai jamais une nonchalance qui pourrait diminuer l’intensité de cette conversation entre moi et mon travail. Quand je fais quelque chose de manière intense et sincère, ça devient quelque chose d’humain où je peux m’exprimer. Ce n’est pas juste du business. Et tous les gens qui travaillent avec moi le savent. Que ce soit pour un concert, une performance à un événement, peu importe, je vais à chaque fois y aller à fond la caisse et je vais amener toute ma troupe de cirque poétique avec moi.
Vous êtes donc ravi d’être chanteur?
Je suis très reconnaissant du privilège de faire ce job. Je dis bien «job», parce que si l’on ne dit pas que c’est un job, on perd la tête. Il faut avoir conscience que c’est un métier de rêve parce qu’il est multidisciplinaire. C’est là où l’on peut parler de la vie. Je peux être inspiré par une conversation que je peux entendre à l’aéroport ou dans le métro, autant que dans un livre qui gagne le prix Goncourt. Et je peux exprimer tout ça pour les gens qui m’écoutent ou qui viennent me voir sur scène.
Vous parlez aussi de votre compagnon dans «Moi, Andy et Paris».
Oui, j’avais envie d’aller droit au but, surtout parce que c’est un lien entre moi et les gens qui m’écoutent en français. Parce que mon compagnon parle très peu français. Ce n’est pas une chose négative d’en parler, c’est normal de trouver un refuge et d’y aller à fond quand on est auteur.
Vous êtes en couple avec lui depuis dix-huit ans. Quel est votre secret?
Il faut se donner la permission de s’engueuler. D’engueuler, mais aussi d’écouter l’autre qui vous engueule! (Rire.) Je dirai également qu’il faut cuisiner. Et si les deux personnes cuisinent d’une manière ou d’une autre, peu importe. C’est un échange très important. J’y crois vraiment.
Vous reverra-t-on dans le jury de la prochaine saison de «The Voice»?
Oui, on vient de commencer le tournage de l’émission. Et c’est une ambiance fantastique. Ce qui est drôle, c’est que, dans le jury, on est tous en pleine activité avec des albums et des tournées en ce moment. Et ça crée une complicité très forte entre nous, car on comprend les challenges de chacun.
Vous serez en concert à Genève en mars 2024. À quoi peut-on s’attendre?
C’est la première fois que j’écris un show avec un scénario. J’ai en tête l’idée de mettre en scène une sorte d’opéra electro rock avec mon propre matériel. Je mélangerai les langues et les cultures. Ce sera une sorte d’opéra qui parle de la vie, de l’amour et de l’espoir dans le contexte de la fin du monde.
Source : 20 Minutes