Interview : Le site LaDepeche.fr a rencontré Mika
Alors que la promotion bat son plein, Mika a l’esprit blagueur. «Je parle tellement de moi que j’arrive à ne plus me voir ! On pourrait s’intéresser à un autre sujet, par exemple la technique, que je maîtrise très bien, du ragoût à la bolognaise. Une vieille dame m’a appris la recette : c’est la meilleure du monde.» Après 5 saisons comme coach à «The Voice», Mika revient pleinement à la musique avec un album charmeur et dansant qui rend hommage à ses idoles Prince, Michael Jackson et David Bowie.
Ces dernières années, on avait l’impression que la télévision avait pris le pas sur la musique. Est-ce le cas ?
Non, pas du tout. J’ai toujours voulu garder un équilibre entre les deux activités. «The Voice» a eu l’avantage de me faire rentrer dans le salon des gens, de me permettre de me livrer plus librement. Mais la télévision reste secondaire. Elle se nourrit de ce qui est l’essentiel : l’écriture, le chant, la performance.
Le succès de «The Voice» a-t-il eu un impact sur la préparation de votre nouvel album ?
Si j’ai ressenti une pression elle est artistique, pas commerciale. Sinon, je serais parti à Los Angeles, j’aurais sollicité 40 auteurs et compositeurs et tout programmé pour que ça marche sur Spotify. J’ai voulu tout l’inverse : revenir aux sources, aux fondamentaux ; à la personne que j’étais avant même mon premier album. Sinon, j’aurais peut-être fait un tube mais le reste de ma carrière était foutu.
De quoi vouliez-vous parler dans ce disque ?
De choses intimes et vraies. Et d’une manière tellement cash que parfois cela brûlait. Il est donc question d’amour, de maladie, de mort, de sexe… Autant de sujets qui mettent mal à l’aise, qu’on essaye d’écarter de ses préoccupations. Et qui vous reviennent un jour dans la figure. Ce que je raconte sur moi peut évidemment toucher tout le monde.
Pourquoi utiliser votre nom comme titre de l’album ?
Ce nom, c’est le mien (avec junior à la fin) et aussi celui de mon père. Je ne l’ai jamais aimé. J’ai longtemps lutté contre l’identité de mon père ; je cherchais à plaire à ma mère. C’est elle qui s’est occupée de moi quand, à 8 ans, je me suis fait virer de l’école. Je ne savais ni lire ni écrire – j’étais tellement dyslexique… Elle m’a dit : Maintenant tu dois travailler. Elle m’a entraîné et quatre mois plus tard, je décrochais mon premier job à l’Opéra royal de Londres. Ensuite j’ai enchaîné les boulots artistiques. On bougeait beaucoup, on dormait dans une Toyota Previa. Ce rapport avec ma mère était très important : intense, extrêmement dur mais avec beaucoup d’amour.
Souvenirs de la Halle aux grains
En novembre 2012, Mika avait donné un concert à la Halle aux grains. Il se souvient de cette soirée pas tout à fait comme les autres. «Je ne sais pas pourquoi mais j’ai beaucoup parlé du Gers. J’ai même dit que je rêvais d’être une vache ! De temps en temps, sur scène, j’ai des images qui me passent par la tête. Je raconte ça aux gens… alors que parfois je devrais m’abstenir. En fait, je n’envisage jamais un concert sans échanger avec les gens. J’accepte facilement la conversation. Cela participe à l’énergie du show… et évite de faire chaque soir la même chose.»
(Propos recueillis par Jean-Marc Le Scouarnec)
Source : LaDepeche.fr