Interview « Paris Match Belgique » – Mika : « Je suis vraiment admiratif de Pierre de Maere »
De retour avec un nouvel album, Mika nous a confié le temps d’une interview ce qu’il pensait de notre petit pays.
Vous nous avez confié il y a peu que votre retour est un hommage à votre mère Joannie, décédée en 2021 d’un cancer du cerveau…
« C’est un hommage à ce qu’elle m’a transmis pour le bien et pour le pire. Elle m’a formé depuis mon très jeune âge. Il y avait beaucoup d’amour, mais aussi de pression et d’attente. Elle disait toujours que l’ennemi était la médiocrité. C’était dur de vivre avec ça tout le temps. En réalité, elle me donnait une clé vers la liberté. Le titre de l’album est effectivement basé sur un message qu’elle m’avait envoyé et qui disait: « J’espère que ta tête fleurisse toujours. » Elle a écrit ça alors qu’elle était dans un vrai état de souffrance. Elle a posé un geste magnifique. »
Avec cet album qui permet à vos fans d’entrer dans votre enfance, on a l’impression que vous avez beaucoup souffert. Quel a été le plus dur combat de votre jeunesse ? Les amours ? La carrière ? La vie en général ?
« Le combat le plus dur ? C’est une belle question… Ce métier isole, il vous durcit. Parfois, vous perdez ce regard émerveillé sur la vie autour de vous. Et votre cœur s’alourdit. Il s’envole moins. C’est un énorme défi de rester léger. Comme le dit ma chanson, la clé du bonheur est dans une tête qui fleurit parce qu’elle a toujours des idées. Elle se pose des questions. Elle reste curieuse. La solution est là. »
Vous évoquez de nombreux voyages. La Belgique est une terre qui vous inspire ?
« C’est un pays remarquablement créatif par rapport à sa taille. La Belgique est petite et extrêmement grande à la fois. C’est aussi un pays qui n’est pas nécessairement bercé par le soleil et le beau temps. Pourtant, le public belge est le plus chaleureux, le plus joyeux et le plus généreux de tout le continent. Un vrai mystère. »
Quelle image aviez-vous de la Belgique avant d’y être venu ?
« Celle de Tintin. Je suis un fanatique de ses aventures depuis mon enfance. Je suis allé à l’expo Hergé une dizaine de fois. Je finissais par avoir honte de demander des pass VIP pour la visiter, alors je faisais la file comme tout le monde. J’adore aussi les bons petits plats. Qu’est-ce qu’on mange bien chez vous ! »
Vous avez eu l’occasion de goûter à la cuisine belge ?
« Bien sûr. Malheureusement, dans le centre de Bruxelles, beaucoup de mes petits restaurants préférés ont disparu. La faute au Covid: ils ont tous fait faillite. J’adorais aller manger seul dans ces endroits. »
Quel est votre plat belge préféré ?
« Je ne mange que ce qu’il y a de saison. Avant, c’était les moules-frites. Aujourd’hui, je n’en mange plus parce que je suis tombé quelques fois malade au point d’être hospitalisé. Mais pas à Bruxelles (rires) ! »
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou marqué en matière de culture belge ?
« Chez vous, on peut très facilement s’engager dans une conversation. Cette générosité d’esprit est un trésor, elle est essentielle. Ça peut se passer dans un magasin, dans un restaurant, un bar ou même un festival. Vous avez l’accueil facile, mais pas superficiel comme à l’américaine. Ce sont toujours des échanges vrais et profonds. »
En 2024, vous allez refaire votre come-back aux côtes de Vianney, Zazie et Big Flo dans « The Voice France ».
« Plus libre, plus décomplexé, plus engagé que jamais ! Et avec du cœur. Cela veut dire que je suis devenu moins lisse et plus humain. »
Comment voyez-vous la nouvelle génération ?
« Elle est fertile. On y trouve un bel équilibre entre femmes et hommes. Les artistes ont également moins peur de s’engager, poétiquement aussi. C’est super cette idée de pouvoir assumer sa niche et de la cultiver. »
Vous avez le sens de la découverte des talents. Vous étiez le seul à parier sur Kendji Girac ou le duo des Fréro Delavega. Vos prises de risques paient…
« Il ne faut même pas penser que c’est un risque. Il faut suivre son instinct et rester fan sans trop se poser des questions. »
Pour quel artiste belge bat votre cœur ?
« Je suis vraiment admiratif de Pierre de Maere. Il a une superbe sensibilité, une belle manière de s’exprimer. Ce qu’il est en train de réussir est fantastique. Et humainement, c’est un mec génial. Une très belle personne. C’était le seul avec qui j’avais envie de partager un moment dans tout ce délire des NRJ Music Awards. Nous avons été à la célèbre Maison de Bacon, à Antibes, pour manger une bouillabaisse! »
Furieusement romantique… en français
Avec l’album « Que ta tête fleurisse toujours » et le single « C’est la vie », la pop de Mika prend pour la première fois un goût 100 % francophone. Dans cet album aussi joyeux qu’intime, aussi touchant que dansant, il ouvre une porte sur ses souvenirs et ses émotions, sans perdre sa force universelle. Quatre ans après son dernier disque, il revient plus étonnant que jamais. «Je voulais montrer la couleur de la vie, une chaleur humaine tellement forte qu’elle m’autorise à parler d’une manière plus frontale, mais aussi à être furieusement poétique ou romantique. On sent vraiment le lâcher-prise. La langue française fait partie de ma vie et de mon identité. J’ai l’impression d’être comme dans un refuge et je suis donc plus franc. » Mika se produira en concert à Forest National le 31 mars prochain.
Source : Paris-Match.be