Interview « Le Figaro » – « C’est le sens du show que je cherche à construire » : dans les secrets de fabrication de Mika
Le chanteur a invité « Le Figaro » dans un studio de Londres où il a peaufiné « Hyperlove ». Un nouvel album qui sortira fin janvier et qui sera suivi d’une tournée mondiale.
Une année d’écriture, dix mois de production : Mika a peaufiné son nouvel album, Hyperlove, qui sortira en janvier prochain. « Je suis lent et je n’en ai rien à foutre » , lance-t-il, hilare. Le chanteur cosmopolite a convié Le Figaro à dé- couvrir ses nouvelles chansons dans un studio de Londres. Accompagné d’un ingénieur du son, il nous a fait découvrir les différentes étapes de la confection de sa première production depuis Que ta tête fleurisse toujours, son disque français, sorti en 2023.
Avant de se remettre au travail sur un album chanté, Mika a consacré de longues semaines à l’élaboration de la musique du film Zodi et Téhu, frères du désert, l’histoire d’une amitié entre un petit garçon et un dromadaire. Ce film d’aventures d’Éric Barbier n’a pas rencontré le succès, et sa bande-son non plus. « J’espère en tirer un ballet », explique le compositeur au sujet de cette puissante partition orchestrale qui lui a rappelé ses exigeantes études au Royal College of Music de Londres. « Je viens de la musique de Kurt Weill et de Ralph Vaughan Williams, ce travail m’a remis dans ma position d’étudiant, s’enflamme-t-il. Étudiant, j’étudiais Berg la journée et je sortais danser sur de l’élec- tro la nuit, cela m’a forgé. »
En produisant son nouvel album, Mika a cherché à « digérer le monde dans lequel on vit » , dit-il. « C’est le sens du show que je cherche à construire » , précise-t-il, expliquant que ses musiciens ont déjà commencé à répéter. Cet artiste, qui n’a jamais choisi entre les opéras de Berg et la musique de danse, poursuit une carrière à succès amorcée il y a près de vingt ans. « Mon premier album aurait été impossible sans une période d’incubation londonienne » , détaille-t- il. Le disque avait bénéficié du concours de ses amis étudiants au Royal College of Music. Et le quadragénaire garde un pied-à-terre dans la capitale britannique, dans le quartier d’Earl’s Court, l’appartement de sa défunte mère, où il est en train de se faire construire une pièce à musique au sous-sol.
Entre chanson française, opéra, pop anglaise et musique classique, Mika n’a jamais choisi, et tant mieux. C’est la richesse de sa culture musicale qui donne toute leur consistance aux chansons qu’il confectionne avec un soin maniaque. Écouter ce grand perfectionniste révéler sa méthode de travail, c’est comme assister à une masterclass de haut rang. « Je suis né pour fabriquer de la musique. J’ai passé ma vie à prendre des notes en écoutant des disques. La première fois que je suis parvenu à écrire des chansons qui ressemblaient à quelque chose, j’étais euphorique » ,confie-t-il.
Chez Mika, la composition commence toujours au piano. C’est ce qui donne leur assise à des morceaux auxquels il va ensuite appliquer une production sophistiquée. Une méthode à rebours des usages actuels, où le travail sur les rythmiques précède la mélodie, quitte à la supplanter. Sur un de ses nouveaux titres, Mika a ainsi empilé les couches de piano – neuf au total – pour un résultat stupéfiant. Ailleurs, il s’est amusé à passer une piste d’orgue à l’envers. Des audaces que le musicien met au service de sa créativité avec un appétit intact. Derrière la console, ouvrant les pistes, Mika fait preuve d’une exaltation de gamin.
L’homme est aussi capable d’ouvrir son album avec Hyperlove, une chanson qui commence simplement par des harmonies de piano et une belle mélodie vocale. « Il n’y a pas une seule molécule d’intelligence artificielle dans cet album », dit-il en riant. Juste le travail acharné d’un obsessionnel de la musique. « Quand la machine procure de l’émotion, on oublie que c’en est une. Ensuite, je m’amuse. »Comme son titre l’indique, Hyperloveest un album consacré à l’amour, que l’on pourrait sous-titrer « 50 nuances d’amour ». « J’explore l’idée que l’amour et l’électricité, c’est un peu la même chose. »
Immortal Love, le morceau qui clôt l’album, est un exercice dansant qui rap- pelle les expérimentations funk du groupe Talking Heads, immense influence pour le chanteur. « Je suis très fier de cette mélodie », avoue Mika, qui s’est amusé à superposer les prises de voix, passant d’un registre grave à l’aigu sans effort. Dreams, composé initialement au piano, est à l’arrivée un morceau très produit, aux impressionnantes arabesques de voix. Sur Hyperlove, Mika a soigné les transitions entre les titres, à travers trois interludes mettant en scène un narrateur, manière d’animateur radio. Pour incarner cette voix de Mika FM, le chanteur a fait appel au génial John Waters, réalisateur new-yorkais culte (Cry Baby, Hairspray). « Je l’ai contacté, il a accepté tout de suite et je l’ai enregistré sur Zoom. » Les trois interventions du cinéaste constituent au- tant de moments jubilatoires.
L’album contient aussi des pop songs assez simples et directes comme Nicotine, qui a déjà des allures de tube. Et le premier extrait, Spinning Out , donne son nom à une tournée qui sillonnera le monde en 2026, avec des dates à Paris (le 16 février à l’Accor Arena), mais également à Amiens, Rouen, Lille, Strasbourg, Marseille et Toulouse. Après une étape américaine au printemps, cette bête de scène sera à l’affiche de plusieurs festivals européens l’été prochain.
Source : MikaWebsite[.Com!] – Le Figaro


























